TÉMOIGNAGE
Les débuts
Mon histoire débute à Taiwan, mon lieu de naissance. Il s’agit d’une petite île de quelque 20 millions d’habitants et qui se trouve à environ 100 km du littoral chinois. Pour ceux qui ne le savent pas, il s’agit de l’endroit où l’ancien dirigeant politique Chiang Kai-Shek s’est réfugié lorsque le Parti Communiste a pris le pouvoir en Chine en 1949.
Je suis l’aîné d’une famille de trois enfants. Mon père travaillait comme agronome dans une raffinerie de sucre alors que ma mère enseignait dans une école primaire. Mes parents avaient toujours eu le désir de quitter Taiwan car ils voulaient assurer un meilleur avenir socio-économique tant pour eux-mêmes que pour les enfants à venir. Il faut comprendre qu’à cette époque, Taiwan était inconnu du monde. C’était un pays pauvre. Toute l’infrastructure de l’île était à refaire après de nombreuses années de guerre. Mais la prospérité économique était loin d’être assurée et il y avait cette menace constante d’être envahis par la Chine communiste.
Émigration au Canada
En 1965, mon père partait seul en direction du Canada pour étudier. Il a pu obtenir une bourse qui allait lui permettre de poursuivre des études doctorales en agronomie à l’université Laval, dans la ville de Québec. Trois ans plus tard, nous venions rejoindre mon père qui venait de terminer ses études.
J’avais alors cinq ans et c’est en français que mon éducation s’est entamée. J’ai ainsi fait toutes mes études académiques en français et c’est ce qui explique mon aisance à m’exprimer dans la langue de Molière.
En tant que fils aîné d’une famille d’immigrants chinois, mes parents se montraient relativement exigeants à mon égard. La notion de servir d’exemple à mon frère et à ma sœur m’avait été transmise très tôt. Je devais leur paver le chemin et c’est sur moi que reposait l’honneur de la famille. Ma mère ne cessait de nous dire, « Nous avons tout sacrifié pour venir ici. Tout cela serait un échec si nous ne sommes pas capables de faire mieux que les gens de ce pays ».
J’ai donc grandi dans un environnement où je devais sans cesse performer, principalement à l’école parce que la culture asiatique valorise beaucoup l’éducation. Cette poursuite de l’excellence académique, j’ai dû l’entreprendre par mes propres moyens. Il n’était pas question d’avoir de l’aide de mes parents puisqu’à cette époque, ils ne connaissaient rien du français. Le succès a commencé à être tangible à partir de la troisième année du primaire (j’avais neuf ans) et il ne me lâchera plus pour le reste de mes études. C’est probablement à cause de mes prouesses académiques que s’est développée une grande assurance en mes propres moyens. Je vivais avec la confiance que rien ne m’était impossible. Souvent je me demandais pourquoi les autres étudiants ne comprenaient pas ce qui m’apparaissait simple. Mais cette assurance allait être ébranlée.
Mon ami Jean
À l’adolescence, j’avais un ami intime du nom de Jean. Nous étions souvent ensemble et nous nous entraidions pour faire nos devoirs. Il était particulièrement brillant, surtout dans le domaine des mathématiques. Un jour, alors que j’avais déjà fait application pour étudier en médecine, Jean m’annonce qu’il ne pourra pas commencer l’université en même temps que moi. Il me révéla alors qu’il a eu quelques difficultés à l’école et qu’il avait des cours à reprendre. Cette mauvaise nouvelle m’avait complètement renversé. J’étais incapable de lui demander les circonstances de cette situation. Lui, échouer un cours? Même quand il n’avait pas étudié, il était capable d’avoir mieux que la note de passage. Mais la triste réalité s’est révélée petit à petit.
Je savais déjà que quelque chose n’allait pas bien avec lui. Mais je n’avais pas encore pris conscience de l’ampleur de sa souffrance. En l’espace de quelques mois, j’ai vu son état mental se détériorer d’une manière pitoyable. De l’attitude fière qu’il avait, il ne restait plus rien. Son regard était devenu nébuleux, ses réactions ralenties par toute sorte de médicaments. On a parlé de dépression majeure. On a parlé de schizophrénie. Toujours est-il qu’il a été hospitalisé à quelques reprises dans un département de psychiatrie. La vie venait de prendre un autre tournant pour lui et l’avenir semblait très sombre. Autant mon cœur souffrait à le voir dépérir, autant il souffrait lui-même à se voir dans cet état. Il m’a montré un jour un dessin qu’il avait fait et sur lequel on retrouvait des gens en deuil. C’était à la fois très triste et quelque peu morbide. Une autre fois, il m’a dit: « Je ne serai pas capable de fréquenter l’université, mais toi (en me pointant du doigt), je ne veux pas que tu rates ton coup ». Il n’était plus la personne que j’avais connue.
Alors que j’étais en deuxième année d’université, j’ai reçu un coup de téléphone qui allait littéralement changer ma façon de voir les choses. On m’annonce que Jean était décédé. Il avait mis fin à ses jours. Son corps avait été transporté à un hôpital de Québec. Je ne me souviens pas très bien de ma réaction à ce moment-là, mais j’étais très certainement en état de choc.
Remise en question
C’était mon premier contact avec la réalité de la mort. J’ai vu Jean dans son cercueil, le visage blanc et cireux. Il était habillé de son tricot préféré. Soudainement, au bord des larmes, je me suis senti seul, extrêmement seul. C’est ce sentiment de solitude qui a dominé ma réaction de deuil face à la disparition de mon ami. Cela a duré quelques semaines.
Puis une question commençait à me hanter. Je n’arrivais pas à la chasser de ma tête malgré les exigences de mes études: « La mort est venue chercher mon ami. Si cela lui est arrivé, cela peut également m’arriver… n’importe quand. Pourquoi alors se donner corps et âme aux études lorsque la vie est si fragile? »
J’avais entamé mes études médicales avec de grandes ambitions. J’étais prêt à tout sacrifier pour devenir le meilleur neuro-chirurgien du pays. Mais ce but devenait de moins en moins convaincant chaque fois que mes pensées se portaient sur le décès de mon ami. Après des mois de réflexion, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il n’y aucune garantie absolue dans la vie. Les choses que l’on considère les plus sûres, on peut aussi les perdre, sans avertissement.
Alors je me suis dit: « J’ai 22 ans. J’ai encore bien des années devant moi, mais je ne veux pas les investir dans n’importe quoi. Quelle est la chose qui mérite qu’on y investisse toute une vie, que j’y investisse toute ma vie? » Petit à petit, le besoin d’amitié commençait à prendre le dessus. Je devenais de plus en plus convaincu (à tort) que la seule chose dans laquelle il valait la peine d’investir dans ce monde, c’était dans les amitiés. Avoir des amis sincères et fidèles, voilà ce que je voulais. Cette valorisation des amitiés provenait peut-être du sentiment de solitude que je vivais. Toujours est-il qu’il fallait trouver ces amis à quelque part. Mais où?
Contact avec les Navigateurs
Je me suis alors souvenu d’un groupe appelé les Navigateurs. C’est un organisme chrétien qui cherche à faire connaître la Bible principalement sur les campus universitaires (du moins, à cette époque). À l’automne de ma première année à l’université, avant le décès de Jean, un ami m’avait invité à assister à une de leurs rencontres. Je ne me souviens pas très bien du sujet de la soirée mais je garde un souvenir très positif des gens qui s’y trouvaient. J’avais senti qu’ils étaient fort aimables et surtout très proches les uns les autres.
Mais à ce moment-là, mes études universitaires comptaient bien plus que les amitiés. Voilà que quatre ans plus tard, le souvenir des Navigateurs me revenait à l’esprit. Je me suis dit que c’était peut-être le meilleur endroit pour se faire des amis de mon âge. J’ai pris alors l’initiative de me renseigner sur ce groupe. Au mois de janvier de l’année 1986, je me joignais à ce groupe … en quête d’amis. La Bible n’avait pas d’intérêt pour moi mais j’étais prêt à en entendre parler si cela me donnait l’occasion d’avoir des amis. Je dois ajouter ici que mes parents sont bouddhistes et que le seul contact que j’ai eu avec la Bible provenait de l’école primaire. Mais avec les Navigateurs, semaine après semaine, j’étais exposé et même confronté à la Bible. Bientôt, j’ai pris un réel intérêt à l’étude de la Bible. Et plus je connaissais la Bible, plus j’avais le sentiment que ce n’était pas un livre comme les autres. Il y avait quelque chose de spécial que je n’arrivais pas encore à décrire.
Conversion au Christianisme
Huit mois plus tard, je participais à un camp organisé par les Navigateurs. Le responsable du groupe me demanda: « Yves, où en es-tu dans ta démarche spirituelle? » Je lui dis alors: « Pour être en mesure de te répondre, j’ai besoin que tu précises ta question ». C’est ainsi qu’il me demanda cette deuxième question: « Si tu es pour mourir aujourd’hui, est-ce que tu penses que tu iras au ciel? » Après une seconde d’hésitation, je lui répondis: « Non ». C’était une question que j’avais trouvé embêtante, mais elle a atteint son but.
Nous étions en train de manger du spaghetti. Inutile de vous dire qu’après ces deux questions, j’avais perdu tout appétit. Après le repas, cet homme m’a invité à avoir un entretien privé avec lui. Il m’a expliqué le message central de la Bible. Je l’avais déjà entendu à plusieurs reprises dans le passé dans nos études bibliques, mais pour la première fois, non seulement je l’ai compris avec mon intellect, mais aussi avec mon cœur et mon âme. Je ne parle pas ici des émotions humaines, mais de cette compréhension spirituelle qui vous donne l’assurance que vous êtes en présence de la Vérité. J’ai pu voir comme je n’avais jamais pu voir jusqu’à ce jour. C’est comme si, ne vous sachant pas myope, on vous mettait des verres correcteurs ajustés à votre vue. Votre vision était jusqu’alors limitée par votre handicap visuel. Mais avec le port de lunettes, l’environnement se révèle à vous avec une clarté extraordinaire. Vous ne voyez plus le monde, la vie, de la même manière. Désormais, vous ne pouvez plus vivre sans vos lunettes. Ces lunettes, c’est l’Esprit de Dieu, le Saint Esprit qui s’est révélé en ouvrant le cœur d’un homme qui était à la recherche d’un sens à sa vie. Il lui a montré les réalités de l’aspect spirituel de la vie. À cet instant, je me sentais le cœur très chaud, rempli de joie. Sans que je puisse me contrôler, des larmes ont coulé de mes yeux. C’était le début de ma vie chrétienne.
L’aveuglement de l’homme
Peut-être vous identifiez-vous en partie à mon témoignage. Peut-être pas du tout. Il ne s’agit pas ici pour moi de vous vendre le christianisme. Et j’irais jusqu’à dire que je n’ai pas à essayer de vous convaincre de la pertinence de la religion chrétienne. Raisonner sur la pertinence du christianisme ne transforme pas le cœur d’un homme. Ce n’est pas tellement différent que de philosopher. On ne peut pas s’approcher de Dieu par le seul fruit de la raison humaine. L’apôtre Paul, dans le premier épître aux Corinthiens nous dit que « le Royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance ». Plus souvent qu’autrement, on constate que dans la Bible, on assiste à un renversement de toutes les valeurs traditionnelles. Ce qui est sagesse pour Dieu est folie pour la raison humaine. Ce qui est sage aux yeux des hommes est folie pour Dieu.
J’aimerais vous laisser avec le commentaire suivant. Le monde dans lequel nous vivons se compose de deux entités: le monde physique et le monde spirituel. Le parallèle peut se faire avec l’être humain. Nous avons un corps (l’aspect physique) et un esprit (l’aspect spirituel). Il n’est pas difficile de comprendre que le corps et l’esprit forment un tout indissociable, que l’un affecte l’autre d’une manière très intime. Lorsque le corps est malade, cela affecte notre esprit. Lorsque l’esprit est malade, cela affecte notre corps.
Il en est ainsi du monde physique et du monde spirituel. Quelque chose est arrivé qui a provoqué une situation dans laquelle le monde physique n’est plus en harmonie avec le monde spirituel. À cause de certaines circonstances qui sont décrites dans la Bible et que je vais préciser plus loin, le monde spirituel a été voilé de la vie des hommes. Les hommes ne vivent plus que pour l’aspect physique du monde, ce qu’on appelle le temporel à cause de son caractère éphémère.
Mes parents ont voyagé de l’Orient à l’Occident à la recherche d’une prospérité économique. J’ai étudié jour et nuit dans le seul but d’avoir une carrière professionnelle prestigieuse aux yeux du monde. Pour d’autres, ce sera l’argent, la gratification sexuelle, les voyages… Mais tout cela est du domaine du temporel. Tout cela relève du domaine physique de la vie. La Bible dit en parlant de l’entité physique de l’homme: « Tu es poussière, et poussière tu retourneras ». Regardez la société dans laquelle nous vivons. Qu’est-ce qui mène les hommes? Tout n’est que du temporel. Où retrouve-t-on l’aspect spirituel de la vie de l’homme? Quand je pense à cela, mon cœur fait mal, très mal. Et on essaie de trouver des solutions aux guerres dans le monde, à la famine, à la pauvreté, aux maladies. Il faut vraiment être affecté d’une grande myopie spirituelle pour voir que tous ces problèmes ne sont que les symptômes d’un problème plus fondamental.
En tant que médecin, lorsque je vois un enfant qui présente un état fébrile, je ne me contente pas que de lui donner un antipyrétique pour baisser la fièvre. Il faut que je détermine la source de cette infection. La fièvre, aussi inconfortable qu’elle soit pour cet enfant, n’est qu’un symptôme. Elle ne me dit pas d’où provient le foyer infectieux. Le traitement d’une méningite ne se fait pas avec un antipyrétique. Il en est de même des problèmes de l’homme. Le problème fondamental de l’homme, c’est qu’il a perdu contact avec la réalité du monde spirituel. En d’autres termes, l’homme a perdu contact avec Dieu, Celui-là même qui nous a créé.
Se réconcilier avec Dieu
Qu’est-ce que la Bible nous dit de ce monde spirituel? La Bible nous dit que Dieu a créé l’homme à son image afin que nous puissions avoir une relation d’amour avec lui. Cette communion devait durer une éternité. Mais les choses ne sont pas passées ainsi. Adam, le premier homme, a désobéi à Dieu en mangeant du fruit de l’arbre qu’il ne fallait pas toucher. Cette désobéissance a eu comme conséquence la rupture de notre relation avec Dieu. Depuis ce temps, notre corps et notre esprit continuent à fonctionner, mais on ne peut plus communiquer avec Dieu. L’homme vit sans direction, continuant à commettre péché sur péché.
C’est une situation qui a chagriné Dieu au plus haut degré. Il avait alors deux choix. Il pouvait tout détruire et recommencer à zéro. Ou encore, il pouvait nous donner une dernière occasion de renouer contact avec lui. C’est cette deuxième possibilité qu’il a choisie. Dieu a alors envoyé son Fils Jésus pour accomplir cette mission: Jésus-Christ est venu sur terre. Il est mort sur la croix pour porter le fardeau de tous nos péchés et nous offrir la possibilité de nous réconcilier avec Dieu. Sans cette réconciliation, nous sommes séparés de Dieu pour toujours; la Bible parle de l’enfer. Avec cette réconciliation, nous nous retrouvons avec Dieu; la Bible parle du paradis.
J’aimerais vous faire remarquer ceci. L’homme a été créé pour exister éternellement. À la fin de notre vie terrestre, notre corps disparaît, mais l’esprit continue à exister. Il y a un temps, fixé par Dieu, où Dieu décidera qui ira au paradis et qui ira en enfer. Mais tout se sera joué du temps de notre passage sur terre.
Dieu a pris l’initiative de cette réconciliation, mais tout ne s’arrête pas là. L’homme doit répondre à cet appel. Comment nous réconcilier avec Dieu? Il n’y a qu’une seule réponse: croire en Jésus et faire de lui le Seigneur de notre vie. Il ne s’agit pas de l’accepter intellectuellement ni de le dire verbalement. Cela exige d’abord une repentance de notre état de pécheur, puis un abandon total à Dieu. On s’engage à l’honorer et à lui obéir tout au long de notre vie.
Chercher Dieu de tout son cœur
Repentance, abandon, engagement… Tous ces mots vous sont peut-être difficiles à comprendre, surtout si vous les entendez pour la première fois dans le contexte biblique. Mais j’aimerais au moins que vous saisissiez ce principe-clé de la vie chrétienne. Tout est une question de cœur et d’attitude. Peu importe votre situation présente, si vous cherchez de tout votre cœur, avec sincérité et humilité, sans orgueil ni idée préconçue, Dieu se révélera à vous parce que c’est là son plus grand désir. C’est une promesse qui est écrite dans la Bible. Par la voix de Jérémie, ce grand prophète d’Israël, Dieu dit au peuple juif qui avait été déporté à Babylone à ce moment, « Vous me chercherez et vous me trouverez si vous me cherchez de tout votre cœur ».
C’est mon vœu le plus cher que vous puissiez trouver Dieu. La vie chrétienne est tellement riche. C’est à une vie abondante que Dieu nous appelle, car une vie sans Dieu est une vie dépourvue de saveur puisqu’elle a perdu son sens. Dans ma pratique médicale, je vois tant de gens en souffrance physique et émotionnelle. Souvent je me demande comment ces gens peuvent vouloir continuer à vivre quand un problème n’attend pas l’autre, sans espoir d’une solution définitive. C’est peut-être votre cas. Alors je vous encourage à vous approcher de la Parole de Dieu avec le cœur d’un enfant et de découvrir par vous-mêmes qui est Dieu et qui est Jésus-Christ. Pour vous aider dans votre cheminement, Entretiens Chrétiens tentera de vous expliquer les paroles de Jésus. C’est de loin la démarche la plus importante que vous aurez faite dans votre vie. Ne tardez pas. Agissez maintenant, car on ne sait jamais ce que le lendemain nous réserve.